Maison individuelle : comment devenir autonome dans sa gestion de l’eau ?

Alors que le prix de l’eau ne cesse d’augmenter (+10,7 %1 en France en dix ans) et que celle-ci se fait de plus en plus rare (-40 %2 d’eau douce dans le monde d’ici 2030), réduire sa consommation d’eau domestique est une démarche à la fois économe et écoresponsable ! Découvrez comment parvenir à une autonomie en eau sur votre propriété.

Comment atteindre l’autonomie en eau dans une maison individuelle ?

Installer un système de récupération d’eau de pluie

1. Un récupérateur hors sol

Située à proximité de la toiture, une cuve externe permet de récupérer facilement les eaux pluviales, via la gouttière. La capacité de la citerne doit être choisie en fonction de vos besoins en eau, du volume de précipitations de votre région et de la surface de votre toiture. 

Pour deux habitants, il est recommandé 5 m³ de citerne pour 50 m² de toiture. Pour une famille de quatre personnes, environ 15 m³ de citerne pour 100 m² de surface de toit3

À noter : le volume maximal autorisé pour une citerne hors sol est 2 000 litres4 (jusqu’à 5 000 litres pour une citerne souterraine).

2. Un puits ou un forage 

Le puits et le forage sont deux installations proches, mais dissemblables. Le puits (réalisé par un puisatier) n’excède pas 20 mètres de profondeur, quand un forage (réalisé par un hydrologue) atteint jusqu’à 80 mètres.

Le puits collecte les eaux de surface, tandis que le forage puise dans les nappes phréatiques. Cette seconde option offre une meilleure pression et un débit régulier (5m3 par heure)5.

Installer un système de filtration des eaux grises

Pour une autonomie en eau optimale, il est aussi possible d’offrir une seconde vie aux « eaux grises ». Issues des douches, des lavabos et des cycles de nettoyage du lave-linge/vaisselle, celles-ci peuvent être collectées dans une cuve dédiée, puis réutilisées pour arroser les espaces verts ou nettoyer les surfaces extérieures – sans gaspiller d’eau potable.

Quels travaux envisager pour l’autonomie en eau d’une maison individuelle ?

Installation d’un récupérateur hors-sol

Une citerne hors-sol peut être installée par vos soins. Les deux principaux modèles sont : les cuves souples et les cuves en polyéthylène (PEHD) – plus robustes et imputrescibles. Des modèles esthétiques (illusion bois, par exemple) permettent de ne pas dénaturer l’harmonie du paysage.

Votre récupérateur d’eau doit être installé à proximité de votre gouttière, de préférence à l’ombre et, dans l’idéal, à l’est ou au nord6 afin d’éviter le soleil – et la prolifération des bactéries. Assurez-vous que votre toiture ne contienne pas d’amiante ni de plomb.

D’ordinaire, les modèles sont livrés avec un robinet à installer soi-même et peuvent, par la suite, être équipés d’accessoires supplémentaires, tels qu’un Trop-plein (pour éviter le débordement de la cuve).

Construction d’un puits ou d’un forage

1. Étude préalable des sols

Une étude des sols permet de savoir si le terrain est viable et de récolter des données essentielles à la construction – la parcelle est-elle située à plus de 5 mètres de la route ou à 35 mètres d’une zone d’épandage7 ? Est-elle suffisamment abreuvée en eau ?, etc.).

2. Construction d’un puits ou d’un forage

Par son expertise, le puisatier ou l’hydrologue garantit une construction aux normes sanitaires, réglementaires et environnementales. Les principales étapes de la construction sont : le forage et la cimentation. Parfois, une étape de curage peut s’ajouter au chantier, s’il est nécessaire de nettoyer la terre de matériaux indésirables (roches détachées, racines, etc.).

Ces deux systèmes de récupération d’eaux pluviales exigent l’intervention de professionnels. Ils peuvent être réalisés avec une tarière (jusqu’à 25 maximum) ou une foreuse rotative, selon la profondeur.

3. Installation des systèmes de pompage et de filtration

  1. Système de pompage pour alimenter la maison
    Une fois collectée, l’eau est acheminée vers la surface grâce à un système de pompage manuel (si le réservoir n’excède pas 8 mètres, et si l’eau est destinée est l’arrosage), immergé ou surpresseur11. Le modèle doit être adapté à la quantité d’eau souhaitée (pour évaluer le débit) et la profondeur de la nappe phréatique.
  2. Système de filtration pour améliorer la qualité de l’eau
    Un système à deux niveaux est nécessaire pour tamiser l’eau et améliorer sa qualité. Avant son entrée dans la citerne : un filtre primaire, qui permet de récolter les feuilles ou les insectes. À la sortie de la pompe : un filtre d’au moins 20 microns9, qui retient les particules fines, comme le pollen.

 

Législation sur les puits et forages

Si vous souhaitez utiliser l’eau d’une citerne souterraine (puits ou forage) pour un usage extérieur (type arrosage), une Déclaration d’ouvrage et de Prélèvements doit être réalisée en mairie (Cerfa 13837*02).

Pour un usage sanitaire (type douche), la déclaration se fait auprès de la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales DDASS10. 

Si vos travaux d’installation concernent un site patrimonial remarquable, soumettez votre projet à l’Association Nationale des Architectes des Bâtiments de France (ABF) avant sa réhabilitation, ceci afin d’obtenir une autorisation préalable11.

 

Filtration des eaux grises

Recycler les « eaux grises » nécessite une filtration avec des agents chimiques, comme le chlore. Pour éviter toute interconnexion avec les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) : un double réseau de tuyauterie doit être installé. Le premier raccordé au réseau public (pour l’eau potable), le second raccordé à un réseau spécifique aux eaux filtrées12.

Pour une alternative plus verte ? La phytoépuration est un procédé d’assainissement réalisé par des plantes épuratrices13 ! Cette filtration naturelle requiert l’installation de trois bassins14 (qui peuvent être conçus par un architecte paysagiste15). Ce type de filtration sollicite un entretien quasi quotidien – inadapté aux résidences secondaires.

 

À noter : les eaux-vannes (« eaux noires » issues des toilettes) restent, elles, connectées au réseau d’assainissement public – et ne peuvent être recyclées par des particuliers, pour des raisons de santé publique.

 

Les taxes sur les forages et les puits

Deux redevances annuelles sont à acquitter pour l’utilisation d’un puits ou d’un forage16 :

1er) Pour le traitement des eaux rejetées dans la station d’épuration. Le montant varie en fonction de la quantité utilisée et de la base forfaitaire de votre commune (environ 0,34€/m3 rejeté).

2nd) Pour « la modernisation des réseaux de collecte d’eau » (0,15€/m3).

Afin de mesurer le volume d’eau collectée (et le montant des taxes) un forage ou un puits doit obligatoirement être équipé d’un compteur – même sur une installation ancienne.


Si l’Hexagone est préservé du stress hydrique (grâce à une réserve de 3265 m3 d’eau par an/habitant bien supérieure au seuil critique de 1700 m3 fixé par l’OMS17), la canicule précoce et la multiplicité des périodes de sécheresse conduisent à des restrictions d’eau, de plus en plus fréquentes… Alimenter sa résidence ou sa maison de campagne en eau de pluie est une décision économique et tangible pour lutter contre la pénurie d’eau potable, mais aussi un investissement durable, qui apportera une valeur ajoutée18 à votre propriété.

Sources

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