Faux bus électriques : des impacts sur l’analyse du marché des minibus

Le 28 janvier 2025, la Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle (CSIAM)
a présenté le bilan des chiffres des immatriculations sur le marché des véhicules industriels en 2024.
Cette analyse concerne les véhicules utilitaires, les poids lourds, les bus, les
minibus (PTAC
inférieur ou égal à 7,5 t), les cars et les minicars.

Les données de 2024 sont comparées à celles de 2014 à 2023. Pour chaque catégorie,
un commentaire complète les chiffres par volume et par énergie.

Les données analysées sont fournies par AAA DATA,
une entreprise commerciale spécialisée dans le traitement des données d’immatriculation en France, et
couvrent la France métropolitaine.
Mais en 2022 et 2023, plus
de 500 immatriculations de bus électriques ont été enregistrées dans le
SIV sans correspondre à
des véhicules réels
.
Ces fausses immatriculations ont un impact sur les statistiques concernant les
véhicules de transport en commun de personnes (TCP). L’ajout de 500
bus électriques fictifs en deux ans modifie fortement les chiffres des parts
de l’électrique dans le total des immatriculations et des parts de marchés du
constructeur Karsan.

Minibus neufs

Concernant le segment des minibus, la CSIAM indique que le marché 2024 est en baisse.
En réalité, cela n’est pas le cas, le retrait des fausses immatriculations montre plutôt une hausse.

Années Données brutes Données corrigées
Volume % variation (n-1) Volume % variation (n-1)
2021 150 -20,2% 150 -20,2%
2022 281 +87,3% 81 (-200) -46%
2023 409 +45,6% 106 (-303) +30,9%
2024 127 -68,9% 127 +19,8%

Ventilation des minibus neufs par typologies d’énergies

L’impact est également fort sur la répartition par
types d’énergies (en % de part de marché neuf). Sans retirer les fausses
immatriculations la transition énergétique paraît bien plus avancée qu’elle ne l’est réellement.

Années 2022 2023 2024
Energies % bruts % corrigés % bruts % corrigés %
Gazole 11,4% 39,5% 10% 38,6% 55,1%
Gaz 6% 20,8% 7,8% 30,1% 22,8%
Electricité 82,6% 39,6% 82,2% 31,3% 22,1%

Un impact également sur les statistiques de véhicules d’occasion

Les données du marché de l’occasion
sont aussi, dans une bien moindre mesure,
à redresser en raison de la présence de quelques véhicules fictifs ayant
fait l’objet d’une cession dans le SIV.

Pour deux d’entre eux, l’opération a permis la création de deux entreprises
de transports routiers de fret de proximité en Île-de-France.
Les deux entreprises, créées l’année dernière, ont un capital social de 50 000 euros
constitué uniquement d’un apport en nature correspondant à la valorisation d’un minibus Karsan fictif.
Cette appréciation de la valeur d’apport a été réalisée par un commissaire aux apports
qui indique pourtant avoir vérifié la réalité de l’apport et la valeur attribuée.
Une de ces entreprises est même inscrite au
au registre national des entreprises de transport par route ayant une activité marchandises.

L’analyse fine des données des immatriculations est possible dans le
cas du marché plutôt réduit des véhicules de transport
en commun de personnes
.
En raison du faible nombre d’acteurs (collectivités, transporteurs, financeurs et constructeurs),
les anomalies peuvent être détectées. Mais chaque année, le SIV enregistre près de 2 millions de
véhicules neufs, il est dès lors bien plus compliqué de détecter toutes les fraudes.

À noter également que chaque année environ une dizaine de véhicules qui ne sont pas
des « TCP » sont immatriculés avec ce genre.
Il s’agit le plus vraisemblablement d’erreurs de saisie, mais qui là aussi contribuent à fausser
les statistiques.

Cet article est paru en premier sur transbus.org

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