
Avec le lancement de l’Avenger électrique en 2022, Jeep avait signé un petit succès sur le marché des SUV urbains. Design affirmé, format compact, et image de marque forte avaient séduit en dépit d’un tarif assez élevé. Mais depuis, la concurrence a explosé, et le modèle 100 % électrique se retrouve confronté à une multitude d’alternatives plus accessibles et souvent mieux équipées. Pour élargir sa base, Jeep a rapidement dégainé une version hybride simple, plus abordable, mais à la personnalité trop effacée. L’Avenger 4xe entend corriger le tir avec une transmission intégrale électrifiée cousine de l’Alfa Romeo Junior Q4, un vrai positionnement “outdoor” et quelques attributs esthétiques plus virils.

Pour rappel, la transmission intégrale du Jeep Avenger est associée à sa motorisation hybride légère 48V disposant du 3-cylindres essence 1.2 PureTech, couplé à un moteur électrique de 21 kW (28 ch) implanté dans la boîte de vitesses robotisée à double embrayage et forte de 6 rapports. Si cet attelage est largement répandu dans le groupe Stellantis, de la 208 au 5008 chez Peugeot, cette inédite version 4xe ajoute un second électromoteur de puissance identique (28 ch) se chargeant d’animer, sous certaines conditions, le train arrière.
Jeep Avenger 4xe, look viril mais compact
Esthétiquement, le Jeep Avenger 4xe soigne son image. Cette version se distingue par des boucliers redessinés, des jantes spécifiques, de nouvelles teintes plus sobres et surtout des barres de toit désormais montées de série. Trois finitions sont disponibles : Upland, Overland et l’édition The North Face, limité à 4 806 exemplaires en référence à l’altitude du Mont Blanc.
Si cette dernière affiche une inspiration directe de l’esprit outdoor avec quelques décors topographiques extérieur et intérieur et un équipement enrichi comme le hayon électrique, des sièges avant chauffants ou l’ouverture et le démarrage sans clé. Les versions inférieurs sont déjà attrayantes avec des barres de toit noir mat, des boucliers spécifiques gris anthracite, des pare-chocs teintés dans la masse et feux antibrouillard protégés, des jantes de 17 pouces avec pneus mixtes (Mud and Snow) ou encore un crochet de remorquage à l’arrière.

Toutefois, tout cela ne change rien à l’habitabilité arrière limité au deuxième rang avec un espace aux jambes et à la tête contraint pour les grands passagers, et un coffre amputé par la nouvelle architecture technique. Le volume de chargement tombe ainsi à 325 litres, soit 30 litres de moins que la version électrique et 45 litres de moins que l’hybride simple. On se consolera avec une présentation intérieur flatteuse à l’œil, de nombreux rangement, des sièges lavables mais les plastiques dures sont trop nombreux.

Écrans, ergonomie : une techno perfectible
Le Jeep Avenger 4xe propose deux écrans de 10,25 pouces, mais leur fonctionnement reste en demi-teinte. L’affichage conducteur est peu personnalisable et manque un peu de réactivité. L’écran central tactile, bien que clair et lisible, se montre lui aussi parfois lent à l’usage et laisse songeur quant à son ergonomie. Une remarque déjà valable sur d’autres productions du groupe, mais on ne comprend toujours pas pourquoi il faut taper à trois doigts sur l’écran pour afficher le menu d’icônes et qu’il manque une touche de retour.

La navigation embarquée est basique, et beaucoup d’utilisateurs opteront plus naturellement pour Apple CarPlay ou Android Auto sans fil, bien plus fluides. Heureusement, Jeep conserve une ligne de commandes physiques en dessous de l’écran central, ce qui permet non seulement de régler la climatisation mais aussi d’accéder directement à un raccourcis pour couper les envahissantes aides à la conduite que sont le maintient dans la voie et l’alerte de survitesse. par ailleurs, nous n’avons pas noté de déconnexion avec le Blutooth embarqué, le réglage de l’audio est personnalisable et notre version d’essai compte un chargeur à induction, deux ports USB-C et un USB-A. Des mises à jour over-the-air ainsi que Chat GPT sont de la partie.

Au volant de l’Avenger 4xe, urbain mais baroudeur
Le Jeep Avenger 4xe se distingue par un système de propulsion rare sur le segment des SUV urbains, combinant donc un moteur thermique bien connu du groupe Stellantis à une hybridation avancée reposant sur deux moteurs électriques. Au cœur du dispositif : un bloc trois cylindres 1.2 turbo essence de 136 ch, épaulé par deux e-moteurs de 28 ch chacun. Le premier est intégré à la boîte automatique à double embrayage à 6 rapports et agit sur les roues avant, tandis que le second est monté sur l’essieu arrière, offrant une transmission intégrale sans liaison mécanique entre les essieux. Ce système délivre une puissance cumulée de 145 ch et 230 Nm de couple. Les performances annoncées placent l’Avenger 4xe dans le haut du panier de sa catégorie : 0 à 100 km/h en 9,5 secondes et vitesse de pointe de 194 km/h, soit 10 km/h de plus que la version micro-hybride de 110 ch. Le système hybride permet aussi des séquences de roulage 100 % électrique sur de courtes distances (jusqu’à 1 km), notamment lors des démarrages à faible allure ou dans les manœuvres urbaines, optimisant ainsi les phases de roulage silencieuse et la consommation (même si elle reste plus élevée qu’un Yaris Cross).

En tout cas, s’il partage son moteur thermique avec les Peugeot 2008 ou C3 Aircross, cette déclinaison 4xe s’en distingue clairement par une gestion plus fluide des transitions thermique/électrique, sans doute grâce à l’apport du second moteur. Les à-coups observés sur les versions micro-hybrides plus simples sont ici mieux maîtrisés, rendant la conduite à basse vitesse plus sereine.

L’ajout du moteur arrière a nécessité quelques modifications structurelles. Le Jeep Avenger 4xe est ainsi le premier modèle de la gamme à recevoir un essieu arrière multibras, en lieu et place de la barre de torsion traditionnelle. Ce type d’architecture, plutôt rare sur ce segment, est censé améliorer la filtration des irrégularités et la stabilité en conduite dynamique. Mais en dépit de cette évolution le confort reste en retrait, notamment en ville où les suspensions apparaissent fermes sur les petites irrégularités. Il faut dire que le 4xe accuse 1 455 kg contre 1 280 kg pour le micro-hybride sur la balance. C’est néanmoins plus tolérable sur route. Toutefois la prise de roulis se fait sentir dès que l’on hausse le rythme, et la direction est trop légère, trop muette, pour une conduite engageante. C’est un peu dommage.

Motricité maîtrisée et électronique bien calibrée
C’est en dehors de l’asphalte que l’Avenger 4xe surprend. Au-delà du badge marketing, la transmission intégrale est plutôt bien pensée. Grâce à la suspension rehaussée de 10 mm, à ses plaques de protection sous la caisse, à ses pneus M+S de série et à ses angles d’attaque et de fuite optimisés (22° et 35°), le petit SUV se montre vraiment à l’aise sur terrain difficile. Lors d’un essai en terrain boueux, la transmission intégrale électrique a montré une bonne capacité d’adaptation, même sans liaison mécanique. Le mode Sand & Mud permet une motricité intégrale permanente jusqu’à 30 km/h, pour optimiser l’adhérence sur sol meuble. Au-delà, le système passe en mode “automatique” et gère la répartition du couple entre les essieux jusqu’à 90 km/h. Au-delà, l’Avenger reste une traction pure. Lors de notre essai nous avons aussi testé le mode “Descent Hill” qui permet une gestion automatique du freinage et de la traction en descente. Même si le système montre encore quelques à-coups à très faible vitesse (moins de 5km/h) la voiture gère sereinement le relief.

Tarifs
Niveau tarif, le Jeep Avenger 4xe débute à 32 750 €. Si la concurrence est plutôt rare, ce baroudeur urbain trouvera sur sa route le Toyota Yaris Cross 1,5 Hybrid AWD-i qui s’affiche à 33 300 € hors promotion. Il est en revanche moins taillé pour le off-road. Sur le même segment, le Suzuki Vitara (4,18 m de long comme le Yaris Cross, contre 4,08 m pour l’Avenger) a de sérieux arguments et les faveurs des montagnards avec un tarif qui débute à 28 990 €. Enfin, même si il est plus volumineux (4,34 m), impossible de faire l’impasse sur le Dacia Duster équipé du TCe 130 ch 4×4 qui s’affiche à seulement 26 900 €. Enfin, le Junior Ibrida Q4, plus bourgeois, est disponible à la commande à 37 000 €.
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