Le lièvre est un gibier dont l’intérêt de la chasse réside davantage dans la traque que dans un tir souvent jugé facile. Ainsi, pour beaucoup, sa quête ne se conçoit pas sans chien. Pourtant, les réalités de notre époque interdisent à un grand nombre de chasseurs d’en avoir un. Sans auxiliaire, la conquête du lièvre reste néanmoins possible.
Le lièvre est sans conteste l’emblème de l’ouverture de la chasse
Combien de chasseurs se sentiraient déshonorés de ne pas en mettre un dans le carnier le jour de l’ouverture ! Doté d’une forte charge symbolique, il est aussi un gibier qui, pour le jeune chasseur, marque l’entrée dans la communauté. Ainsi, s’il faut bien reconnaître que chasser le lièvre sans chien présente beaucoup moins d’attrait qu’une belle menée de courants, voire qu’un bel arrêt, il ne saurait être question de condamner cette pratique.
Dans les régions de grandes cultures, où les densités sont parfois très importantes mais les territoires souvent de taille réduite, ce mode de chasse serait contrarié en raison des risques de change et d’un droit de suite pas toujours toléré par les voisins. Notre propos porte donc sur les options qui s’offrent au chasseur solitaire ou aux groupes n’ayant aucun chien. Le champ des possibles est, dès lors, restreint à la battue et à la billebaude.
La chasse du lièvre en battue
Souvent appelées « chaudrons » ou « ronds de Beauce », les battues sont tout à fait adaptées pour réaliser des plans de chasse importants avec un dérangement annuel limité. Quelle que soit la forme de ces battues, les chiens, exceptés peut-être des retrievers, n’y ont pas grande utilité et en sont parfois même proscrits.
On tire en général les lièvres forçant la ligne en respectant, comme au grand gibier, un angle de 30° par rapport à ses voisins. En Belgique et dans certaines chasses du Nord de la France, on recommande quelquefois de ne pas tirer un lièvre qui se dégîte dans le dos des marcheurs ; ce dernier serait en effet, le plus souvent, une hase.
Ces chasses ont pour elles d’être de sympathiques moments de partage entre chasseurs, occasionnellement en grand nombre, mais également le spectacle de parfois plusieurs dizaines de lièvres fuyant en même temps. La battue sans chien est aussi possible dans les bois quand les feuilles sont tombées, donc pas avant fin novembre-début décembre. Mais la plupart du temps, les postés voient arriver tranquillement les bouquins, qui même, de temps à autre, s’arrêtent devant eux. La chasse, ce n’est évidemment pas que le tir, mais tirer un lièvre dans de telles conditions ne présente vraiment que peu d’intérêt.
À la billebaude sans chien, pour mettre un lièvre dans son carnier, il faut savoir lire le terrain comme un bouquin.
La chasse du lièvre devant soi
En revanche, à la billebaude, la chasse du lièvre au bois peut être amusante. Il faut parfois, plus encore qu’en plaine, littéralement lui marcher dessus pour le mettre à l’essor. L’effet de surprise est réel et lui sauve souvent la vie. Le fait de ne pas avoir de chien pour nous l’indiquer et sa fuite sinueuse entre les gaulis compliquent un tir qui, en milieu ouvert, ne serait pas très difficile. Si au bois le chasseur s’en remet le plus souvent au hasard, en plaine, l’analyse du terrain est fondamentale.
Pour survivre, le lièvre ne compte que sur son mimétisme et sa pointe de vitesse. Il installera toujours son gîte en un lieu qui permet d’optimiser au mieux ses deux moyens de défense. Ainsi, il ne rechignera pas à se gîter en plein découvert pour peu que l’environnement lui garantisse un bon camouflage. Nous avons le souvenir d’un champ de betteraves fraîchement arrachées, aussi lisse qu’une table de ping-pong, et où seulement quelques fanes donnaient un peu de relief à la morne plaine. Les lièvres y étaient gîtés par dizaines, tapis dans des dépressions de quelques centimètres.
On ne les voyait qu’en posant littéralement le pied dessus. Mais pour maximiser ses chances, il convient d’explorer en priorité les lisières entre deux cultures, entre une haie et une culture ou la bordure d’un boqueteau. Le lièvre choisit presque toujours la fuite vers le côté le plus dégagé pour tirer le meilleur parti de ses grandes pattes.
Le Chasseur Français – n° 1519
Cet article est paru en premier sur lechasseurfrancais.com
Soyez le premier à commenter